« Quand mon écriture était encore gamine, elle était très rouge et très noire. Des histoires de massacres dans des époques révolues. Elle a longtemps pensé que notre temps et la société d'aujourd'hui étaient stériles pour l'inspiration. Elle trouvait que tout avait été dit, pensé, répété, repensé.
Repérée par Jean d’Ormesson puis encensée par Michel Bouquet, elle accrochait des notes aux mots découpés en syllabes. Griffant ou caressant les remous, elle aimait tracer des courbes, autant de formes excitantes qu’elle malaxait à sa guise mais… « A quoi bon ? La création, c’est du passé revisité. » concluait-elle.
Et puis, ils sont arrivés. Qui ? Des personnages. Je voudrais vous les…
« Nous sommes à ce jour une cinquantaine à être passés entre ses mains puis entre celles de près d’une dizaine de metteurs en scène. Il nous parfume d’humour et de profondeur qui plane. C’est sa couleur d’auteur. Nous sommes de toutes sortes : des introvertis, des extra, un Maire, un vieux, une Ministre, un comédien, des automobilistes, des patients, des cons, un curé, des femmes passionnées, libérées, ambitieuses, maniaques, versatiles ou frustrées, des hommes passionnés, attentionnés, dépassés, machistes, ténébreux…
Il y a quand même l’un de nous qui revient très régulièrement : Alexandre, un alter-ego littéraire. On a souvent reproché à notre auteur de ne pas assez parler de lui. Alors Alexandre a pris les choses en mains.
C’est comme ça qu’on a appris que Benjamin Oppert est de ceux qui ont eu 20 ans en l’an 2000. Auteur de Théâtre et de chansons, ça on le savait. Grâce à nous, sa comédie sentimentale « Les Tentations » a été jouée une centaine de fois.
Il s’est attaqué à d’autres personnages en contribuant par des textes à des livres collectifs autour de Marilyn Monroe, Diderot, George Sand, Shakespeare et Cervantès.
Script-doctor de scenarii et membre de Jurys, il nous a emmenés faire des résidences d’écriture en France et en Belgique (il faut d’abord être cocon avant de devenir papillon). On l’encourage à poursuivre son itinéraire de végétarien au pays des cannibales.
Alexandre, quant à lui, n’a pas toujours la même personnalité ni les mêmes sentiments. Des fois, ce sont les plus ombrageux qui se mettent en avant. Des fois non. Souvent, il s’éclaire, il est sympa, voire même attachant. Il grandit avec son auteur. Beaucoup de spectateurs se reconnaissent dans ce personnage, incarné par une douzaine de comédiens. L’intimité devient partage. »